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Une nouvelle vie
Ses efforts seront récompensés, il trouve une place de technicien au Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble et enfin sa voie professionnelle ; lui qui est passionné de sciences, il va pouvoir exercer cette passion. Il est vrai que sa jeunesse ne fût pas très facile : doué dans les études, il demandait un jour à mon grand-père de les poursuivre après un certificat d’études qu’il a obtenu avec 2 ans d’avance. Cela lui avait été refusé sous le prétexte que son frère, qui était lui moins doué pour les études, se devait d’être sur un même pied d’égalité pour entrer dans la vie professionnelle. Pas de favoritisme ! Mon père, qui devait avoir 14 ans, menaça d’entrer comme séminariste, pour être curé, si on ne le laissait pas s’engager dans la Marine. Voilà comment mon père fût mousse, puis radio, puis officier des transmissions dans la Marine, pour débarquer au Maroc quelques mois avant ma naissance lors de la démobilisation.
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"Une nouvelle vie"
1960, la guerre d’Algérie fait rage, de cette rage froide qui fait peur aux parents des jeunes militaires partis là-bas. Il faut croire que financièrement, les choses s’arrangent un peu ; ceci est sûrement dû à la stabilité d’emploi de mon père. Mes parents s’achètent un appartement de quatre pièces où ma sœur et moi aurons chacun notre chambre. Ce n’est pas un immeuble bourgeois, mais une de ces nouvelles constructions faites à la va-vite pour pouvoir loger les réfugiés d’Algérie. Ces immeubles, qui sont une mine de richesse pour des enfants comme moi, sont habités avant d’être vraiment terminés. D’autres constructions s’élèvent du sol, et nous allons chiper des chutes de tubes de fer, servant aux travaux de plomberie, pour nous faire des « sarbacanes » (tube pour lancer des flèches de papier) ou d’autres trucs, telles des planches de coffrage pour nous construire des cabanes dans les arbres environnants.
C’est vous dire à quel point je peux faire la tête quand, au lieu de m’amuser avec mes copains, je vais devoir obéir au Frère Pacifique, qui dirige la chorale des Aiglons de l’école de l’Aigle ou je vais en classe, et venir le jeudi matin dans cette chorale, sous peine d’être puni !
- « Mais si ! Tu vas venir jeudi matin à neuf heures »
- « Mais je chante comme une casserole Monsieur… »
- « Alors, si tu chantes comme tu le dis, deux options s’offrent à toi : soit tu viens quand même, soit, au lieu de deux heures jeudi, ce sera quatre heures de retenues samedi matin ! Réfléchis… »
Moi, chanter quand mes copains s’amusent, quelle idée... Mais bon, je gagne une heure de sommeil jeudi et deux heures de jeu samedi…
- « Bon, je vais venir… »
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