Léo, mince avec une barbichette et sa pipe dans les mains m’observe avec un sourire bon enfant, mais aucun geste ne semble lui échapper et dans son observation, je sens qu’il analyse le bonhomme que je suis. Je bois, plus que je n’entends ses paroles et celles de Norbert. Il est question que je me rende rapidement chez sa femme, Patricia Carli, qui a une superbe chanson, "LA" chanson qu’il me faut !
Deux jours seulement après, je me retrouve dans leur appartement de Neuilly où je suis reçu avec Norbert. Patricia me regarde, je me sens de nouveau disséqué, comme pour mieux juger le phénomène annoncé.
Elle prend enfin sa guitare pour nous présenter sa chanson et quand elle commence à jouer, j’ai du mal à masquer mon étonnement et ma déception. La chanson s’intitule "Rosetta". Aïe, c’est bien loin de mon répertoire habituel de rocker et je me demande si c’est bien qu’il me faut. Je me raccroche à l’idée que Norbert va lui dire que ce n’est pas terrible... Mais il a, au contraire, l’air pleinement satisfait. Je me souviens soudain que j’avais, jusque là, souvent entendu des titres au piano et qu’une fois arrangés, ils prenaient une toute autre allure. Mais je n’arrive toujours pas à me rassurer. Me vient alors, dans mon esprit confus, la dure réalité de ma situation actuelle ; je me dis que c’est ma seule porte de salut et que je ne peux me permettre de faire le difficile.