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77 La carrière « Christian Delagrange »
L’un d’entre eux avait obtenu le prêt d’une très vieille et immense bâtisse ; une maison de maître construite sur les ruines d’un château, au fin fond d’un parc à l’image de la bâtisse : tout aussi immense. Son accès de la route en plein bois, déjà bien isolée, amenait à parcourir près d’un kilomètre de sous-bois dans la propriété. Autant dire que dès le départ, cette acquisition nous menait à tous les délires : chacun ayant prit possession d’une des vieilles chambres, entreprenait une décoration du « plus mauvais » goût. Les pots de peinture trouvés dans les remises transformaient les murs rustiques et stylés en une exposition de « shadoks » pour l’une d’entre elles, en « déco Picasso » pour une autre, et ainsi de suite.
La présence de souterrains (dont l’un de deux kilomètres environ reliait l’ancien château à l’église du village), nous faisait songer, la nuit tombée, à la présence d’un trésor englouti, protégé par la « Dame Blanche ».
Enfin, une des remises abritait un stock impressionnant de réfrigérateurs usagés. Nous avions décidé de réaliser un studio pour travailler : à coup de haches, nous détruisions les réfrigérateurs pour récupérer la laine de verre, avec laquelle nous tapissions les murs afin de retrouver l’acoustique mate des studios d’enregistrement.
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78 La carrière « Christian Delagrange »
L’hiver venu, alors que nous avions déjà brûlé les quelques rares bûches de bois dans l’immense cheminée du salon, nous avions du mal à nous réchauffer. Couper du bois vert à la hache, dans la forêt omniprésente, nous sembla très vite une solution harassante. La solution de remplacement la plus catastrophique fût vite trouvée. Après avoir sauvé autant de chaises que nous étions et une table, nous brûlions les meubles, heureux de notre délire.
Vaincu par le froid, il n’y avait plus rien à brûler, et enfin « dessaoulés » de ces bêtises d’ados, nous nous séparions honteux des dégâts que nous laissions derrière nous.
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