82

Chapître 10

Une drôle de croisière


Mai 1972.

Depuis sa sortie en février, « Rosetta » est un grand succès. Norbert et Patricia envisagent l’enregistrement du prochain 45T dont la face « A » s’appellera « Sans toi je suis seul ».

Un matin, je reçois dans mon courrier une carte du service de recrutement des Armées où est mentionné à peu près ceci :
"… Si vous vous estimez en meilleure santé, merci de nous retourner cette carte, un service médical examinera votre cas…"

J’étais heureux, jusque-là, d’avoir échappé au service militaire. Sursitaire depuis de longues années pour en tant qu’étudiant, j’aurais dû être incorporé en février justement, dire à quel point cela m’angoissait après le succès tant attendu dans la chanson, de devoir partir faire ce service obligatoire.

Je suis tout d’abord étonné de recevoir cette carte, vérifie qu’elle m’est bien adressée, la relis plusieurs fois, n’en croyant pas mes yeux et me précipite enfin en la déchirant en mille morceaux vers le cendrier pour la brûler définitivement… Quelle belle étoile me protège ? Et quelle mouche les a piqués ? Ils ne m’ont jamais vu : je n’ai jamais fait les trois jours ni le conseil de révision…

Quelques mois après, je recevrai mon livret militaire revêtu du plus beau tampon officiel au monde
: Exempté !

 
83

Une drôle de croisière



J’ai changé de chambre dans l’hôtel meublé du 11e. Celle-ci est évidemment mieux, mais il me faudra attendre septembre pour percevoir les premières royalties. Mon amie Shun tarde à venir, elle me promet que dès début septembre elle sera là.

Je suis contacté par un tour operator français, associé à un tour operator anglais, pour faire une croisière. Moi qui ne connais les paquebots que pour les voyages Casablanca - Marseille, la perspective de faire pour la première fois de ma vie une croisière me séduit beaucoup. De plus, voilà bien des mois que je n’ai pas chanté devant un public.

Je contacte donc un ami pianiste, Raymond Rhuer, qui vient d’arrêter de travailler pour Joe Dassin, comme tout l’orchestre d’ailleurs. Les quatre musiciens me répondent positivement.

Bien sûr, cette prestation n’est pas rémunérée, c’est ce que l’on appelle un échange marchandise. En guise de cachet, c’est le séjour qui est offert. Mais l’appel de cette nouvelle aventure est trop tentant.

Je signe donc le contrat et fais mes valises pour Marseille où nous devons embarquer.

Deux jours plus tard, je rejoins la bande des quatre à la gare de Lyon.





 
   
       
''