Après ce retour de mes parents en France, il faudra reconnaître que la vie ne sera pas rose. Ils ont tout laissé à Rabat et ne sont revenus qu’avec quelques affaires personnelles

Passé ces quelques temps sur Epernay et Chalons sur Marne, dans notre famille, nous nous retrouvons à Lyon. Je ne sais pourquoi le choix de cette ville, sûrement parce que mon père y a obtenu du travail ou a été muté dans l’armée, aux transmissions.

Mais pour nous, la galère commence : si j’ai bien compris, nous ne sommes pas les seuls à être revenus, les hôtels sont pleins et chaque jour nous devons en changer, cela semble être la loi…. Je crois qu’il nous est interdit de rester plus d’une nuit dans le même endroit me disent mes parents.

Cette période bien noire qui ne durera que quelques mois, va se permuter contre un appartement dans une arrière boutique de tissus, la Maison Bleue. Et même si ce n’est pas encore génial, nous sommes chez nous. Il n’y a pas de fenêtre, seulement des vasistas qui nous donnent un peu de lumière du jour. L’appartement est assez sombre et petit, seulement un salon d’une vingtaine de mètres carrés et une chambre, celle de mes parents. Le propriétaire nous laisse un double de clés de la boutique où nous sommes obligés de passer pour atteindre notre logement. J’aime circuler au milieu des étoffes, leur parfum m’est doux et familier car il me rappelle les odeurs toujours fortes du Maroc.

Noël approche et j’ai bien du mal à croire encore au Père Noël. Mais mon père va me faire un formidable coup de bluff : Il y a là un vieux poste de radio à lampes. Pour le régler au mieux de la réception il y a, ce que l’on appelle un « œil magique ». C’est une lampe verte qui module physiquement. Cela va devenir l’œil du Père Noël. Et mon père se cachera dans l’autre pièce après avoir branché un micro sur la radio.