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Dans les rues de Paris

Elle a dressé un canapé dans le salon pour me faire dormir. Une fois couchés, notre discussion continue d’une pièce à l’autre sur ce promoteur et nous partons dans un délire qui va durer une bonne heure : et si le chèque qu’il allait faire pour produire le disque était en « bois » ? Imagine-toi aussi sorti d’un carnet en bois… Et si sa veste d’où il aurait sorti son carnet de chèques en bois l’était aussi ? Avec… avec une « espagnolette » en guise de fermeture… et… et une poche intérieure pour la burette d’huile servant à graisser les charnières… Nos fous rires me redonnent espoir et je m’endors un peu plus confiant, demain il fera jour.



Comme je l’ai promis à mon père, je m’inscris les jours suivants à la faculté d’Assas pour continuer mes études de maîtrise d’ès sciences économiques, mais je ne suis pas vraiment assidu, l’ambiance n’est pas la même qu’à Aix et je pense plus à mon premier disque qu’aux études. De plus, rapidement, je reçois un courrier de la faculté qui m’annonce que mon transfert de dossier est refusé : trop d’étudiants à Paris et pas assez de place pour tous. Il me faut retourner à Aix-en-Provence. C’est une douche froide… Après quelques minutes de réflexion, j’en conclu qu’il n’en est pas question, je reste la pour tenter ma chance.

 
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Dans les rues de Paris

Les jours passent, sans trop savoir où j’en suis ; rien ne bouge vraiment, mais je joue à l’aveugle en me masquant une certaine réalité, je veux encore y croire. Le promoteur, lui, ne semble plus vraiment intéressé, ou bien il n'a pas vraiment les moyens du financement.
Avec Jean-Louis, nous faisons des allers-retours d’Alfortville, où il habite, à Paris en empruntant RER et métro pour allez voir Gérard. Parfois nous allons place Pigalle qui sert de bourse d’échange pour les musiciens qui sont à la recherche de travail. Nous rencontrons beaucoup de monde, mais rien ne semble vouloir "bouger".
Je loge toujours chez lui et Zizi nous fait des plats arméniens tous délicieux. Elle est adorable et courageuse ! Elle s’occupe de la maison, de leur fils, travaille en confectionnant des robes, pièce par pièce, pour un prix ridiculement bas, pendant que nous rêvons en mettant les pieds sous la table, à un monde fait de musique et de succès. En fait, on se laisse vivre.
J’ai un peu honte, on mériterait des coups de pied au c... On doit toujours “monter” un orchestre pour ramener un peu d’argent, alors on répète avec quelques copains musiciens et on traîne dans les bars pour... Mais pour quoi donc ? On s’imagine que c’est là qu’on va trouver des contrats… Le temps passe lui aussi avec les jours.