Le Maroc m'aura réservé bien des surprises et laissé un souvenir inoubliable.

Il m'arrive chaque année de prendre le bateau de Casablanca à Marseille (Ma premiere traversèe) pour aller voir ma famille en France, à Epernay et Chalons sur Marne, où habitent mes grands-parents maternels et paternels, mais aussi une grande partie de ma famille, tantes et oncles et cousins.

Je me souviens des vieux trains de la SNCF qui nous amenaient lentement, très lentement… Il fallait dix ou onze heures pour les rejoindre. Les compartiments avaient encore, dans les premiers voyages une porte à chacun d'eux. Nous ne pouvions pas en bouger. Un jour, une dame se met à chanter des chansons de Charles Trenet qui font fureur. Je découvre deux chansons : " Un jardin extraordinaire " et " Le soleil a rendez-vous avec la lune ". Je me met à rêver sur ces chansons, je m'imagine le soleil et la lune, tiens, c'est vrai, ils ne se rencontrent jamais… Je n'ai jamais encore vu d'éclipse. Et puis ce jardin, il semble sentir bon les plantes et les fleurs, j'aimerais bien le visiter, ce doit être amusant, comme Paris doit être beau. Tan-tan…, tan-tan …, tan-tan … Le bruit lancinant des roues sur les rails me berce et m'entraîne dans un sommeil fleuri, la tête sur l'épaule de ma mère.

- << Epernay, Epernay, 5 minutes d'arrêt ! >>
Nous arrivons enfin !
Ces vacances sont des moments privilégiés où je retrouve ces cousins pour jouer avec eux et faire du vélo dans cette région si verte, mais aussi où la nostalgie de la chaleur, des couleurs ocres et de l'odeur du Maroc me manquent. (Le froid de la France)

Mes premières roues de bicyclette, je les fais avec ma tante Madeleine et mes cousins…
- << Promis tu me tiens ! >>
- << Mais oui voyons… >>
- << Tu me tiens toujours ? >>
- << Bien sûr… >>
- << Tu me tiens toujours ? …Tu es là ? >>
Le silence confirme mes craintes, je suis tout seul… Mais je roule ! Je roule tout seul, çà y est, je sais faire du vélo TOUT SEUL ! Mais… comment fait-on pour s'arrêter ?

L'année suivante nous allons de Chalons à Epernay en vélo, un long parcours où nous revenons chargés de bouteilles de champagne pour la famille de mon père, confectionné par celle de ma mère. J'ai l'impression qu'ils boivent çà comme de l'eau, pas étonnant que plus tard je détesterai cette boisson.