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La naissance

Pendant les vacances de Noël, j’accompagne mes parents faire du ski à Ifrane et le soir en rentrant on se baigne dans la mer. (La plage avec ma maman)

Le plus sympa pour moi est d’aller à Camp Marchand rejoindre mon amie d’enfance Danielle, savourer cette extraordinaire cuisine sous les tentes Touareg en sa compagnie, que l’on mange avec les doigts (quel plaisir pour des enfants !) Mais ce qui me marquera le plus dans ces escapades, c’est l’allure fière de ces « hommes bleus », le respect qu’ils vouent à leur femme et qui fait dire à de mauvaises langues « ce sont elles qui portent le pantalon ». C’est vrai qu’en cas de séparation du couple, tout ou presque revient à la femme. Je me souviens même, parmi eux, avoir goûté aux sauterelles grillées ! Ah, les sauterelles, il y en avait parfois des nuages entiers à en faire un ciel de nuit. Et quand le ciel redevenait clair, les cultures étaient entièrement détruites.

Nous allions parfois dans le sud marocain, dans les contreforts de l’Atlas, où les cultures étaient parfois détruites par les cochons sauvages : les champs n’existaient pas comme en plaine, c’était de longues bandes plates en étage, de quelques mètres de large, les unes au dessus des autres et lorsque l’un de ces cochons s’engageait sur l’une d’elles, il détruisait tout sur son passage.

Ces montagnes étaient peuplées par des paysans, qu’on nommait « chleuh ». Ils étaient en fait les vrais habitants du Maroc et me racontaient que bien des siècles en arrière, ils avaient été chassé des plaines par les envahisseurs Arabes, vers le 7 ou 8ème siècle, venus de Libye et d’Egypte. N’étant pas des guerriers, mais de pacifiques paysans, ils s’étaient réfugiés dans la montagne pour fuir l’envahisseur.


 
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La naissance

Il y a aussi les Touaregs, ces « hommes bleus », qu’ils craignent et respectent pour leur fierté, leur dignité et leur apparente beauté physique que dégagent leurs splendides costumes, tout de bleu drapés, ornementés de magnifiques croix du Sud. Ces hommes libres et guerriers qui leur inspirent ce sentiment. Moi, j’avale goulûment toutes leurs histoires, comme on m’aurait lu un livre de contes. Il paraît qu’un jour le père d’un de mes amis avait accompagné l’un d’eux, un pisteur, pour retrouver une tribu qui pouvait être partout et nulle part, et simplement en observant les traces et en sentant le crottin des chameaux d’une caravane, il savait si c’était la bonne, d’où elle venait, où elle se dirigeait et depuis combien de temps elle était passée sur les lieux. Toutes ces histoires ajoutent à leur légende un voile d’admiration aux yeux de l’enfant que je suis.

Le Maroc est plein d’autres mystères, la Médina regorge de milliers de dédales où d’odeurs. Les lumières et les couleurs sont à mon sens les plus belles du monde.

Un jour, je tombe gravement malade. (Chez moi à Rabat) Mon père appelle plusieurs médecins qui restent impuissants devant cette maladie inconnue. Avec des pointes à plus de 41°C de fièvre, je délire et tout le monde demeure impuissant. Jusqu’à ce que Fatima, la femme qui me gardait quand mes parents travaillaient, arrive à convaincre mon père de me laisser avec elle, seul, pendant dix minutes dans notre cuisine. Doutant de ses affirmations de pouvoir me guérir rapidement, il finit en désespoir de cause par accepter. (Avec ma nounou Fatima)