Je fonce ouvrir la fenêtre, pardon, le "châssis" ; effectivement, le froid s'engouffre dans la chambre et je constate la présence de la neige qui recouvre tout. Les conducteurs ont été surpris de ce brusque changement de temps et n'ont pas eu l'occasion de changer leurs pneumatiques pour des pneus neige. Leurs lourdes voitures américaines, en travers des accès autoroutiers, glissent lamentablement sur la pente inclinée. Je me rechange en me couvrant généreusement et descends au bar prendre un gros bol de chocolat chaud : autant mettre tous les avantages de mon côté pour combattre le froid !

Une heure plus tard, nous sommes dans les studios de CJMS, une radio FM telle que nous les connaîtrons dès 1981. Je prends place à la table d'interviews, la lumière rouge « ON LINE » est enclenchée et l'animateur me présente.

- Notre invité vient de nous rejoindre : Christian Delagrange, un grand gaillard de deux verges de haut que nous allons retrouver après le journal.

Je regarde tout surpris mon interlocuteur, sans oser lui demander des explications sur sa présentation. Deux verges de haut ? Ils sont aussi cool ici ? Ce n'est pas sur une radio française qu'on se permettrait de tels langages libertins. Et puis ça veut dire quoi ? Même optimiste, m'imaginant la "plus grande du monde" et en multipliant par deux, le compte n'y est pas. Je demande au présentateur, à voix basse, pour que les dames présentes ne m'entendent pas, de m'expliquer. Il éclate d'un grand rire, amusé par ma naïveté :